"Mourad Boudjellal? Un point de détail de l’histoire de Renaissance Var", estime son jeune successeur Maxime Robert

Y a-t-il un politique pour sauver Renaissance Var? Après la défection de l’ancien président du RCT Mourad Boudjellal et la récente démission de l’ex-député En marche Fabien Matras, un seul candidat a accepté la mission: Maxime Robert, étudiant en commerce.
À seulement 24 ans, cet ancien responsable des Jeunes avec Macron 83 a présidé sa première réunion du bureau départemental, samedi dernier.
"Ça n’a pas été simple ces dernières semaines, mais j’ai vu des sourires réapparaître. Les gens travaillent dorénavant dans le même sens", assure ce Beaussetan, qui a déjà restructuré le parti présidentiel dans plusieurs circonscriptions, en confiant notamment la 4e à son potentiel adversaire Gilles Joannet.
"Pour ça, j’ai dormi sur la carte du Var et passé un nombre d’appels incalculable", en plaisante-t-il.
Être président de Renaissance Var, ce jeune ambitieux y pensait "depuis quelques mois", mais ne s'attendait pas à une élection interne avant l’été 2026.
Exit ses plans de vacances et son envie d’un trente-septième voyage à l’étranger, il passera les prochaines semaines sur les routes à rencontrer les militants: "Plutôt que de rester devant mon ordinateur, je préfère aller sur le terrain".
Lui, voit sa jeunesse comme "un atout pour porter une nouvelle dynamique, tout en (s)’appuyant sur l’expérience des anciens."
Sa touche personnelle? "Il ne suffit pas de coller des affiches et distribuer des tracts, on doit pouvoir proposer des idées. On l’a fait pour la commission Europe et on le fera avec Yannick Chenevard au sujet de la défense. Renaissance Var doit redevenir un laboratoire."
Dragué par Les Républicains?Ce qu’il pense de ses prédécesseurs? Pour Maxime Robert, si Fabien Matras, qui a pris du recul, a eu "beaucoup de courage en portant toutes les responsabilités sur lui", "ça a manqué d’actions".
Quant à Mourad Boudjellal, il le voyait comme "un personnage capable de déplacer des montagnes", sauf qu’"en réalité, ce n’est pas ça".
"On se souviendra de lui comme un détail de l’histoire du parti", ajoute le nouveau président de Renaissance Var. Cette "confiance donnée mais pas rendue" a redoublé son "envie de (s)’engager". Tout en refusant une proposition des Républicains.
À l’approche des municipales, Maxime Robert compte pourtant s’entendre avec les responsables LR, UDI et Horizons pour contrer "le danger du Rassemblement national", "surtout à Toulon" avec la très probable candidature de la députée Laure Lavalette.
"Quand j’ai vu que le RN affichait 49,7% des votes aux Européennes chez moi, ça m’a fait mal", précise celui qui a décidé d’intégrer une liste de droite et centre droit au Beausset portée par Philippe Marco, un opposant LR, "pour développer la démocratie participative".
Et peu importe les reproches de l’ancienne députée Valérie Gomez-Bassac, son ex-mentor macroniste proche du maire actuel Édouard Friedler.
Les félicitations de Gabriel AttalLes politiques qui l’inspirent, aujourd’hui? Sereine Mauborgne, la dernière de la première heure d’En marche, pour "sa force politique", "son recul" et "ses conseils". Ou encore Renaud Muselier, "droit dans ses bottes", "extrêmement attaché à son territoire".
Au national, l’évocation de Gabriel Attal, qui lui a envoyé un message de félicitations, le fait vibrer: "On se retrouve en lui. Je compte l’inviter dans le Var. Ça serait un rêve pour les militants. C’est important de faire venir des personnalités, comme on l’a fait avec Yaël Braun-Pivet et Élisabeth Borne." Et de remettre en question l’organisation: "Encore faut-il qu’on sache communiquer dessus."
La politique, il est tombé dedans tout petit. "À 6 ans, je commentais déjà le deuxième tour de la présidentielle entre Sarkozy et Royal, raconte celui qui se voyait alors prof de sport dans la marine. Et à partir du CM1, j’ai toujours été élu délégué. Je faisais de vraies campagnes et mes discours étaient attendus."
À la maison, les débats avec ses parents (de gauche) sont animés. "Les discussions avec ma mère, prof de français, ont été particulièrement un bon entraînemant: c’était comme avoir un opposant municipal en face", souligne Maxime Robert.
En 2017, une fois Emmanuel Macron élu président de la République, il pousse pour la première fois les portes d’une réunion publique de Renaissance.
"J’étais curieux de voir comment des gens du PS et des anciens de l’UMP pouvaient s’entendre, alors qu’ils étaient encore ennemis la veille", raconte-t-il. Ce soir-là, il intervient au micro mais masque la vérité à son père, marin: "Je lui ai dit que j’allais chez un ami. Par crainte qu’il m’empêche d’y aller. Le monde politique peut faire peur."
Des débats et des basTrois ans plus tard, Maxime Robert se brûle les ailes, comme colistier de la liste Le Beausset en marche arrivée troisième.
"Ça s’est mal passé avec notre tête de liste (le Dr Claude Alimi, Ndlr), confie-t-il. Il m’a assuré que la politique était un monde de requins et qu’il allait s’occuper de moi. Il a d’ailleurs essayé de me piéger avec des enregistrements à mon insu."
Alors étudiant à Lyon en double licence (Histoire et Sciences politiques), il se dit que "la politique dans le Var, c’est terminé". Ou presque. L’année suivante, il y revient en s’impliquant d’abord dans les départementales puis les législatives de 2022.
La suite dans 10, 20 ans? Un mandat de député, un portefeuille ministériel? "Je fais de la politique pour mes valeurs, pas pour un poste, coupe ce fan de football et de F1. Sinon, on dévie de ses idées."
En tout cas, Maxime Robert, qui a hérité de 200 adhérents à jour de cotisation et un fichier de 6.300 noms, ne croit pas à la mort du macronisme, après 2027.
"Les idées seront toujours là, anticipe-t-il. Les valeurs aussi".
Var-Matin